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membres doit concourir à la formation des loix, mais parce qu’on auroit ignoré, que dans l’excédent d’un nombre donné, il devoit, pour y concourir, se faire représenter.

La morale est une science beaucoup plus approfondie que la politique, parce que le besoin de la morale étant plus de tous les jours, l’esprit des hommes a dû s’y consacrer davantage, et que sa direction n’étoit pas faussée par les intérêts personnels des dépositaires ou des usurpateurs du pouvoir. Aussi les principes intermédiaires de la morale étant mieux connus, ses principes abstraits ne sont pas décriés : la chaîne est mieux établie, et aucun principe premier n’arrive avec l’hostilité et le caractère dévasteur que l’isolement donne aux idées comme aux hommes.

Cependant il est hors de doute que les principes abstraits de la morale, s’ils étoient séparés de leurs principes intermédiaires, produiroient autant de désordre dans les relations sociales des hommes, que les principes abstraits de la politique, séparés de leurs principes intermédiaires, doivent en produire, dans leurs relations civiles.