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peine lève-t-on la têto pour le contempler un instant. Quelquefois même on s’en afflige, comme d’un encouragement donné au délire. On verse des larmes sur les victimes, mais on désire les échecs.

Dans les temps belliqueux, l'on admiroit par-dessus tout le génie militaire. Dans nos temps pacifiques, ce que l’on implore c’est de la modération et de la justice. Quand un gouvernement nous prodigue de grands spectacles et de l’héroïsme, et des créations, et des destructions sans nombre, on seroit tenté de lui répondre :

Ligne en retrait

Le moindre grain de mil seroit mieux notre affaire[1] ; et les plus éclatants prodiges, et leurs pompeuses célébrations ne sont que des cérémonies funéraires où l’on forme des danses sur des tombeaux.

  1. La Fontaine