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verrai ce soir. Ni toi ni moi ne sommes responsables d’un besoin que trop longtemps tu as voulu combattre. Cédons, soyons heureux, que tout ce qui nous entoure reprenne du charme. Nous en vaudrons mieux, même pour les autres. Je te verrai, je te presserai dans mes bras. Ces baisers que toi seule sais donner, disperseront toute crainte, tous ressentiments passés, toutes craintes de l’avenir : aime-moi Anna, sois bonne et sois sage, c’est-à-dire sois mienne… J’irai ce matin à onze heures chez Julie.

XXIV. Madame Lindsay à Benjamin Constant 1er juillet 1805.

J’ai vu Rousselin[1] ce soir, mais je savais depuis ce matin par ma femme de chambre que vous étiez arrivé. Si près et cependant si loin !… Comment êtes-vous ? êtes-vous heureux ? ou la vie pèse-t-elle sur vous comme sur moi ? J’ai cessé de vous écrire pour des raisons qui d’abord vous étaient étrangères ; ensuite votre absence prolongée, les tracasseries

  1. Rousselin, ci-devant comte de Rousselin de Saint- Albin, très lié avec Mmes Lindsay et Talma.