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muettes, si le sourire de cet homme ne les eût encouragés. J’insiste sur ce sujet, parce que l’admiration pour Louis XIV n’est pas une opinion particulière, une erreur de théorie qu’on peut laisser pour ce qu’elle est, sans avoir à redouter ses conséquences pratiques. La monarchie de Louis XIV est le type d’une monarchie absolue ; tous ceux qui regrettent ou désirent une monarchie semblable entonnent, en l’honneur de Louis XIV, un hymne si parfaitement le même, malgré la diversité des circonstances, qu’on le dirait stéréotypé pour être transmis d’un régime à l’autre. Lorsqu’un homme, qui n’a pas voulu être Washington, a commencé à s’égarer dans les routes du despotisme, tous les panégyristes de Louis XIV se sont groupés autour de lui ; et notez que ces panégyristes d’alors n’étaient autres que ceux d’à présent. Sans doute il y avait une portion de leur doctrine qu’ils passaient prudemment sous silence ; mais à cette exception près, ils tenaient le langage qu’ils tiennent encore. Ils apportaient en tribut, à l’autorité nouvelle, les souvenirs, les pompes, les étiquettes, toutes les traditions de servilité en un mot, héritage de l’autorité déchue ; heureux d’esquiver ainsi la liberté, et pardonnant au pouvoir son origine en considération de son étendue. Le gouvernement impérial n’a été qu’une application trop fidèle du mot fameux ; « l’État, c’est moi » ; ainsi,