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longtemps valu la considération de l’Europe, principalement à leur constitution, bien qu’elle fût beaucoup trop empreinte d’inégalité et de privilèges. Or, sans vouloir faire le moindre tort à un peuple qui a offert au monde de grands exemples durant à peu près cent quarante ans, ma conviction est que, si une constitution libre a eu pour lui de si bons effets, elle en aura pour nous de meilleurs encore. Notre climat n’est-il pas plus beau, nos ressources plus réelles, nos mœurs plus polies, nos affections plus douces et moins personnelles, notre esprit plus flexible et plus rapide, notre caractère plus hospitalier ? Si néanmoins la liberté a donné aux Anglais, pendant plus d’un siècle, une place éminente parmi les nations, la liberté nous rendra le rang qui nous est assigné par la nature. Une erreur que mme de Staël a énergiquement réfutée, c’est celle des écrivains qui regrettent le repos et le bonheur de l’ancienne monarchie. « En lisant les déclamations de nos jours, dit-elle, on croirait que ses quatorze siècles ont été des temps tranquilles, et que la nation était alors sur des roses. On oublie les templiers, brûlés sous Philippe le Bel ; le triomphe des Anglais sous les Valois ; la guerre de la jacquerie ; les assassinats du duc d’Orléans et du duc de Bourgogne ; les cruautés perfides de Louis XI ; les protestants français condamnés à d’affreux supplices sous