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beaucoup de fautes. En poursuivant non seulement les privilèges héréditaires, mais les possesseurs de ces privilèges, les amis de la liberté ont eux-mêmes, à leur insu, été dominés par des préjugés héréditaires. Voyez les révolutions des républiques italiennes du moyen âge, elles ont eu pour but de repousser des conquérants plutôt que de donner des droits égaux à des citoyens[1]. je suis loin d’approuver les rigueurs dirigées contre la noblesse après son abolition ; mais j’ai cru devoir, par occasion, expliquer la cause de ces rigueurs. C’était, en quelque sorte, une loi du talion exercée par le dix-huitième siècle contre le cinquième ; loi que la distance et le changement des mœurs, des institutions et des habitudes rendaient inapplicable et inique. Le code de la conquête, continue Mme de Staël, produisit le régime féodal. La condition des serfs était moins dure que celle des esclaves. Il y avait diverses manières d’en sortir ; et, depuis ce temps, différentes classes ont commencé par degrés à s’affranchir de la destinée des vaincus. C’est sur l’agrandissement graduel de ce cercle que la réflexion doit se porter.

  1. Rien n'est plus remarquable que la conformité des lois faites en Italie, à Florence surtout, contre les nobles, avec les lois de la Convention. (Note de Benjamin Constant.)