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redoutables ; qu’en dispersant l’Assemblée Constituante, on n’eût pas anéanti le besoin de liberté qui agitait les têtes et remplissait les cœurs ; que la puissance du tiers état aurait survécu, et que cette puissance voulait être satisfaite ou se satisfaire elle-même ; enfin, que les véritables auteurs de la révolution ne furent pas ceux qui, étant ses instruments, parurent ses chefs ! Les véritables auteurs de la révolution furent le cardinal de Richelieu et sa tyrannie, et ses commissions sanguinaires, et sa cruauté ; Mazarin et ses ruses, qui rendirent méprisable l’autorité, que son prédécesseur avait rendue odieuse ; Louis XIV et son faste ruineux, et ses guerres inutiles, et ses persécutions et ses dragonnades. Les véritables auteurs de la révolution furent le pouvoir absolu, les ministères despotes, les nobles insolents, les favoris avides. Ceci n’est point une apologie des révolutions. J’ai montré, dans plus d’un ouvrage, que je n’aimais point les révolutions en elles-mêmes. D’ordinaire elles manquent leur but en le dépassant ; elles interrompent le progrès des idées qu’elles semblent favoriser. En renversant, au nom de la liberté, l’autorité qui existe, elles donnent à l’autorité qui la remplace des prétextes spécieux contre la liberté. Mais plus on craint les révolutions, plus il faut s’éclairer sur ce qui les amène. En partant du principe incontestable que les