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classes inférieures étaient plongées dans un état misérable, et elles étaient averties, par la portion parlante de la classe qui dominait l’opinion, que cette misère était injuste. Qui ne voit qu’indépendamment de tout projet de réforme, un bouleversement devait avoir lieu ? je dis ceci pour les lecteurs équitables, et non pour ces interprètes soudoyés de vieilles haines, qui s’élancent contre les tombeaux, parce qu’ils les savent sans défense, comme ils s’élancent contre les vivants quand ils les croient garrottés. Les ramener est impossible, parce qu’ils ne jugent rien avec leur intelligence, mais tout avec leur intérêt. Les convaincre est un espoir chimérique ; ils n’ont pas l’organe de la conviction, qui est la conscience ; il faut leur laisser répéter leurs mensonges toujours démasqués, toujours reproduits, comme on laisse aboyer la nuit les dogues affamés. Cet essai n’étant l’analyse des ouvrages de mme de Staël, ni sous le point de vue politique, ni sous le point de vue littéraire, je ne me propose de parcourir ici que quelques-unes de ses idées dominantes. « La révolution de France, dit-elle, est une des grandes époques de l’ordre social. Ceux qui la considèrent comme un événement accidentel n’ont porté leurs regards ni dans le passé ni dans l’avenir. Ils ont pris les auteurs pour la pièce, et, afin de satisfaire leurs passions, ils ont attribué aux hommes du