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piquantes tant d’apostasies déguisées en principes, tant de calculs transformés en conversions ; et ces préjugés, repris aujourd’hui comme moyens par des hommes qui hier les combattaient comme obstacles, et ces vestales du vice, qui en conservent la tradition comme le feu sacré, et qui, trahissant tour à tour le despotisme et la liberté, sont restées fidèles à la corruption, comme un bon citoyen l’est à sa patrie. Mais Mme de Staël a préféré le genre de l’histoire à celui des mémoires particuliers. Ceux qui haïssent M. Necker pour le bien qu’il a fait, ou pour celui qu’il a voulu faire, trouveront de l’exagération dans l’admiration constante que sa fille témoigne pour lui. Il était difficile de voir souvent M. Necker sans concevoir beaucoup de vénération pour ses vertus privées, et une grande idée de la sagacité de ses vues, et de la finesse de ses aperçus. Il était impossible de vivre avec lui sans être frappé de la pureté de son caractère et de la bienveillance habituelle qui se manifestait dans ses paroles et dans ses actions. Comme homme d’état, M. Necker a eu le sort de tous ceux qui ont voulu et qui ont été contraints de vouloir conduire une révolution destinée, par la force des choses, à échapper à tous les calculs et à se frayer sa route elle-même. Si l’on réfléchit à la disposition des esprits à cette époque, si l’on considère les intérêts opposés des divers partis, qui n’avaient de commun entre eux