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et c’est durant cette lutte que l’homme est en proie aux égarements de l’imagination comme aux orages du cœur. C’est ainsi qu’Oswald se présente, lorsque, pour la première fois, il rencontre Corinne. Sans doute, dès cette première rencontre, le destin de tous deux est décidé. Ils ne peuvent pas être heureux ensemble, ils ne pourront plus être heureux séparés. Oswald parcourt l’Italie avec Corinne ; il en contemple toutes les merveilles. Le langage éloquent, la voix harmonieuse, l’enthousiasme poétique de son amie prêtent à tous les objets une splendeur surnaturelle. En sa présence, les ruines se relèvent, les souvenirs renaissent, la nature se pare d’un éclat nouveau : l’Italie antique paraît environnée de toutes ses pompes ; l’Italie moderne brille de toute sa beauté. Mais, au milieu de ce délire qui bouleverse son cœur et ses sens, Oswald se rappelle sa patrie, ses devoirs, la carrière qui lui était tracée. Ravi sans être convaincu, charmé sans être soumis, souvent heureux, jamais content de lui-même, il suit à pas incertains le char triomphal de l’être étonnant qui le subjugue et l’enchante. Il est enivré de l’amour qu’il inspire, il est ébloui de la gloire qu’il contemple, il est orgueilleux des succès dont il est témoin ; mais il jette, malgré lui, quelquefois un regard de regret vers le pays qui lui promettait des jouissances et plus dignes et plus calmes. il trouve dans l’air qu’il respire