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décrivait avec une surprise monotone ou une attention minutieuse ; elle a pénétré son héroïne de tous les sentiments, de toutes les passions, de toutes les idées que réveillent le beau ciel, le climat superbe, la nature amie et bienfaisante qu’elle avait à décrire. L’Italie est empreinte dans Corinne ; Corinne est une production de l’Italie ; elle est la fille de ce ciel, de ce climat, de cette nature ; et de là, dans cet ouvrage, ce charme particulier qu’aucun voyage ne nous présente. Toutes les impressions, toutes les descriptions sont animées et comme vivantes, parce qu’elles semblent avoir traversé l’âme de Corinne et y avoir puisé de la passion. Le caractère de Corinne était donc nécessaire au tableau de l’Italie, telle que Mme de Staël se proposait de le présenter ; mais, indépendamment de cette considération décisive, ce caractère est-il improbable ? Y a-t-il dans cette réunion de qualités et de défauts, de force et de faiblesse, d’activité dans l’esprit et de sensibilité dans l’âme, des choses qui ne puissent exister ensemble ? Je ne le crois pas. Corinne est un être idéal, sans doute ; mais c’est un être idéal comme les belles statues grecques et, je ne sache pas que, parce que ces statues sont au-dessus des proportions ordinaires, et qu’en elles sont combinées des beautés qui ne se trouvent que séparément dans la réalité, on les ait jamais accusées d’invraisemblance. Mais quelle est la morale de Corinne ? Ici je