Page:Constant - Adolphe (Extraits de la correspondance), 1960.djvu/109

Cette page n’a pas encore été corrigée

connaître, soit le caractère, soit les opinions de Mme de Staël, ce sont d’une part Corinne, et de l’autre les « Considérations sur la révolution française ». Disons donc quelques mots de ces deux productions si remarquables, dont la première a créé, pour ainsi dire, une ère nouvelle dans la littérature française, et dont l’autre a élevé aux principes de la liberté, proclamés en I789, avant qu’elle ne se fût souillée par des crimes qu’avaient provoqués des résistances mal calculées, le monument le plus durable qu’on leur ait encore érigé. Pour juger un ouvrage comme il doit être jugé, certaines concessions, que j’appellerai dramatiques, sont indispensables. Il faut permettre à l’auteur de créer les caractères de ses héros comme il veut, pourvu que ces caractères ne soient pas invraisemblables. Ces caractères une fois fixés, il faut admettre les événements, pourvu qu’ils résultent naturellement de ces caractères. Il faut enfin considérer l’intérêt produit par la combinaison des uns et des autres. Il ne s’agit point de rechercher si les caractères ne pourraient pas être différents. Sont-ils naturels ? Sont-ils touchants ? Conçoit-on que telle circonstance ait dû être l’effet de la disposition de tel personnage principal ? Que cette disposition existant, telle action ait dû être amenée par telle circonstance ? Est-on vivement ému ? L’intérêt va-t-il croissant jusqu’à la fin de l’ouvrage ? Plus ces