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de ses impressions, la chaleur de son éloquence, la force de sa raison, la vérité de son enthousiasme, son amour pour la liberté et pour la justice, sa sensibilité passionnée, la mélancolie qui souvent la distinguait, même dans ses productions purement littéraires, tout ici est consacré à porter la lumière sur un seul foyer, à exprimer un seul sentiment, à faire partager une pensée unique. C’est la seule fois qu’elle ait traité un objet avec toutes les ressources de son esprit, toute la profondeur de son âme, et sans être distraite par quelque idée étrangère. Cet ouvrage, peut-être, n’a pas encore été considéré sous ce point de vue : trop de différences d’opinions s’y opposaient pendant la vie de Mme de Staël. La vie est une puissance contre laquelle s’arment, tant qu’elle dure, les souvenirs, les rivalités et les intérêts ; mais quand cette puissance est brisée, tout ne doit-il pas prendre un autre aspect ? Et si, comme j’aime à le penser, la femme qui a mérité tant de gloire et fait tant de bien est aujourd’hui l’objet d’une sympathie universelle et d’une bienveillance unanime, j’invite ceux qui honorent le talent, respectent l’élévation, admirent le génie et chérissent la bonté, à relire aujourd’hui cet hommage tracé sur le tombeau d’un père par celle que ce tombeau renferme maintenant. Après cette notice sur M. Necker, deux ouvrages qui, si je ne me trompe, font le mieux