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esprit tout entier à défendre le malheur ! Quelques-uns de ses ouvrages s’en ressentent peut-être. C’est dans l’intervalle de cette bienfaisance active et infatigable qu’elle en a composé plusieurs, interrompue qu’elle était sans cesse par ce besoin constant de secourir et de consoler ; et l’on trouverait, si l’on connaissait toute sa vie, dans chacune des légères incorrections de son style, la trace d’une bonne action. Ici une triste réflexion me frappe. Plusieurs de ceux qui lui ont dû leur retour inespéré dans une patrie qui les avait repoussés, la restitution inattendue d’une fortune dont la confiscation avait fait sa proie, la conservation même d’une vie que menaçait le glaive des lois révolutionnaires, ont obtenu, sous un gouvernement qui avait comprimé l’anarchie, mais en tuant la liberté, du crédit, des faveurs, de l’influence : et ils sont restés spectateurs indifférents de l’exil de leur bienfaitrice, et de la douleur déchirante que cet exil lui causait. J’en ai vu qui, dans leur ardeur à justifier un despotisme qui n’avait pas besoin de leurs serviles apologies, accusaient sa victime d’avoir inspiré, par son activité, son esprit, son impétuosité généreuse, des terreurs fondées à une autorité qui s’établissait. Oui, son activité, sans doute, était infatigable, son esprit était puissant ; elle était impétueuse contre tout ce qui était injuste ou tyrannique. Vous devez le savoir, car cette activité vous a secourus