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en termes déchirants mon désespoir, les projets funestes que m’inspirait sa cruelle détermination. Pendant une grande partie du jour, j’attendis vainement une réponse. Je ne calmai mon inexprimable souffrance qu’en me répétant que le lendemain je braverais toutes les difficultés pour pénétrer jusqu’à Ellénore et pour lui parler. On m’apporta le soir quelques mots d’elle : ils étaient doux. Je crus y remarquer une impression de regret et de tristesse ; mais elle persistait dans sa résolution, qu’elle m’annonçait comme inébranlable. Je me présentai de nouveau chez elle le lendemain. Elle était partie pour une campagne dont ses gens ignoraient le nom. Ils n’avaient même aucun moyen de lui faire parvenir des lettres.

Je restai longtemps immobile à sa porte, n’imaginant plus aucune chance de la retrouver. J’étais étonné moi-même de ce que je souffrais. Ma mémoire me retraçait les instants où je m’étais dit que je n’aspirais qu’à un succès ; que ce n’était qu’une tentative à la-