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firent éprouver un genre de satisfaction dont je n’avais pas encore eu l’idée.

L’introduction des chœurs dans la tragédie n’a point eu cependant de succès en Allemagne. Il est probable qu’on y a renoncé à cause des embarras de l’exécution. Il faudrait des acteurs très-exercés pour qu’un certain nombre d’entre eux, parlant et gesticulant tous en même temps, ne produisissent pas une confusion voisine du ridicule[1]. Schiller, d’ailleurs, dans sa tentative, avait dénaturé le chœur des anciens. Il n’avait pas osé le laisser aussi étranger à l’action qu’il l’est dans les meilleures tragédies de l’antiquité, celles de Sophocle : car je ne parle pas ici des chœurs d’Euripide, de ce poète admirable, sans doute, par son talent dans la sensibilité et dans l’ironie, mais prétentieux, déclamateur, ambitieux d’effets, et qui, par ses défauts et même par ses beautés, ravit le premier à la tragédie

  1. Schiller n’avait pas introduit les chœurs chantants, mais parlants.