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vitable et plus cruelle. De la sorte, les deux choses importantes, l’époque et la situation, se retracent à l’imagination d’un seul mot, par une circonstance purement accidentelle.

Les Allemands font un grand usage de ces moyens. Les rencontres fortuites, l’arrivée de personnages subalternes, et qui ne tiennent point au sujet, leur fournissent un genre d’effets que nous ne connaissons point sur notre théâtre. Dans nos tragédies, tout se passe immédiatement entre les héros et le public ; les confidents sont toujours soigneusement sacrifiés. Ils sont là pour écouter, quelquefois pour répondre, et, de temps en temps, pour raconter la mort du héros, qui, dans ce cas, ne peut pas nous en instruire lui-même. Mais il n’y a rien de moral dans toute leur existence ; toute réflexion, tout jugement, tout dialogue entre eux leur est sévèrement interdit ; il serait contraire à la subordination théâtrale qu’ils excitassent le moindre intérêt. Dans les tragédies allemandes, indépendam-