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L’individualité disparaît dans l’homme, en raison de ce qu’il cesse d’être un but, et de ce qu’il devient un moyen. Cependant l’individualité peut seule inspirer de l’intérêt, surtout aux nations étrangères ; car les Français, comme je le dirai tout à l’heure, se passent d’individualité dans les personnages de leurs tragédies, plus facilement que les Allemands et les Anglais. On conçoit donc sans peine que les poëtes de l’Allemagne qui ont voulu transporter sur la scène des époques de leur histoire, aient choisi de préférence celles où les individus existaient le plus par eux-mêmes, et se livraient, avec le moins de réserve, à leur caractère naturel. C’est ainsi que Goëthe, l’auteur de Werther, a peint dans Goetz de Berlichingen[1], la lutte de la chevalerie expirante contre l’autorité de l’empire ; et Schiller a de même voulu retracer, dans Wallstein, les der-

  1. Voyez le Théâtre de Goëthe, que nous avons publié dans notre Collection, et dont la traduction est excellente.