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mes regards malgré moi ; je tentai vainement de les en détourner, je ne pus résister au besoin de la lire tout entière. Je n’ai pas la force de la transcrire : Ellénore l’avait écrite après une des scènes violentes qui avaient précédé sa maladie. Adolphe, me disait-elle, pourquoi vous acharnez-vous sur moi ? quel est mon crime ? de vous aimer, de ne pouvoir exister sans vous. Par quelle pitié bizarre n’osez-vous rompre un lien qui vous pèse, et déchirez-vous l’être malheureux près de qui votre pitié vous retient ? Pourquoi me refusez-vous le triste plaisir de vous croire au moins généreux ? Pourquoi vous montrez-vous furieux et faible ? L’idée de ma douleur vous poursuit, et le spectacle de cette douleur ne peut vous arrêter ! Qu’exigez-vous ? que je vous quitte ? ne voyez-vous pas que je n’en ai pas la force ? Ah ! c’est à vous, qui n’aimez pas, c’est à vous à la trouver, cette force dans ce cœur lassé de moi, que tant d’amour ne saurait désarmer. Vous ne me la donnerez pas, vous me ferez languir