Page:Constant - Adolphe.djvu/189

Cette page a été validée par deux contributeurs.

s’écria-t-elle ; c’est la voix qui m’a fait du mal. Le médecin remarqua que ma présence ajoutait à son délire, et me conjura de m’éloigner. Comment peindre ce que j’éprouvai pendant trois longues heures ? Le médecin sortit enfin. Ellénore était tombée dans un profond assoupissement. Il ne désespérait pas de la sauver, si, à son réveil, la fièvre était calmée.

Ellénore dormit longtemps. Instruit de son réveil, je lui écrivis pour lui demander de me recevoir. Elle me fit dire d’entrer. Je voulus parler ; elle m’interrompit. — Que je n’entende de vous, dit-elle, aucun mot cruel. Je ne réclame plus, je ne m’oppose à rien ; mais que cette voix que j’ai tant aimée, que cette voix qui retentissait au fond de mon cœur n’y pénètre pas pour le déchirer. Adolphe, Adolphe, j’ai été violente, j’ai pu vous offenser ; mais vous ne savez pas ce que j’ai souffert. Dieu veuille que jamais vous ne le sachiez !