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un hasard étrange, on lui avait parlé, pendant mon absence, pour la première fois, des efforts du baron de T*** pour me détacher d’elle. On lui avait rapporté les discours que j’avais tenus, les plaisanteries que j’avais faites. Ses soupçons étant éveillés, elle avait rassemblé dans son esprit plusieurs circonstances qui lui paraissaient les confirmer. Ma liaison subite avec un homme que je ne voyais jamais autrefois, l’intimité qui existait entre cet homme et mon père, lui semblaient des preuves irréfragables. Son inquiétude avait fait tant de progrès en peu d’heures que je la trouvai pleinement convaincue de ce qu’elle nommait ma perfidie.

J’étais arrivé auprès d’elle, décidé à lui tout dire. Accusé par elle, le croira-t-on ? je ne m’occupai qu’à tout éluder. Je niai même, oui, je niai ce jour-là ce que j’étais déterminé à lui déclarer le lendemain.

Il était tard ; je la quittai ; je me hâtai de me coucher pour terminer cette longue jour-