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Ellénore, m’écriai-je, revenez à vous, revenez à moi ; je vous aime d’amour, de l’amour le plus tendre. Je vous avais trompée pour que vous fussiez plus libre dans votre choix. — Crédulités du cœur, vous êtes inexplicables ! Ces simples paroles, démenties par tant de paroles précédentes, rendirent Ellénore à la vie et à la confiance ; elle me les fit répéter plusieurs fois : elle semblait respirer avec avidité. Elle me crut : elle s’enivra de son amour, qu’elle prenait pour le nôtre ; elle confirma sa réponse au comte de P***, et je me vis plus engagé que jamais.

Trois mois après, une nouvelle possibilité de changement s’annonça dans la situation d’Ellénore. Une de ces vicissitudes communes dans les républiques que des factions agitent rappela son père en Pologne, et le rétablit dans ses biens. Quoiqu’il ne connût qu’à peine sa fille, que sa mère avait emmenée en France à l’âge de trois ans, il désira la fixer auprès de lui. Le bruit des aventures d’Ellénore ne lui