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possible, mais à condition qu’elle quitterait l’homme ingrat et perfide qui les avait séparés. J’ai répondu, me dit-elle, et vous devinez bien que j’ai refusé. Je ne le devinais que trop. J’étais touché, mais au désespoir du nouveau sacrifice que me faisait Ellénore. Je n’osais toutefois lui rien objecter : mes tentatives en ce sens avaient toujours été tellement infructueuses ! Je m’éloignai pour réfléchir au parti que j’avais à prendre. Il m’était clair que nos liens devaient se rompre. Ils étaient douloureux pour moi, ils lui devenaient nuisibles ; j’étais le seul obstacle à ce qu’elle retrouvât un état convenable, et la considération qui, dans le monde, suit tôt ou tard l’opulence ; j’étais la seule barrière entre elle et ses enfants : je n’avais plus d’excuse à mes propres yeux. Lui céder dans cette circonstance n’était plus de la générosité, mais une coupable faiblesse. J’avais promis à mon père de redevenir libre aussitôt que je ne serais plus nécessaire à Ellénore. Il était temps enfin d’entrer dans une carrière,