Page:Constant - Adolphe.djvu/106

Cette page a été validée par deux contributeurs.

CHAPITRE V.

La séparation d’Ellénore et du comte de P*** produisit dans le public un effet qu’il n’était pas difficile de prévoir. Ellénore perdit en un instant le fruit de dix années de dévouement et de constance : on la confondit avec toutes les femmes de sa classe qui se livrent sans scrupule à mille inclinations successives. L’abandon de ses enfants la fit regarder comme une mère dénaturée, et les femmes d’une réputation irréprochable répétèrent avec satisfaction que l’oubli de la vertu la plus essentielle à leur sexe s’étendait bientôt sur toutes les autres. En même temps on la plaignit, pour ne pas perdre le plaisir de me blâmer. On vit dans ma conduite celle d’un séducteur, d’un ingrat qui avait violé l’hospitalité, et sacrifié, pour contenter une