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INTRODUCTION



I

L’illustre publiciste dont le nom se rattache aux plus grands souvenirs de notre histoire est né le 25 octobre 1767, à Lausanne, d’une famille de protestants français qui était venue s’établir dans cette ville en 1607. Son père était lieutenant-colonel d’un régiment suisse au service de la Hollande, et l’un de ses ancêtres, le capitaine Constant de Rebecque, avait sauvé la vie à Henri IV à la bataille de Coutras, en tuant un gendarme qui allait assommer ce prince avec un tronçon de lance[1]. Sa mère, Henriette de Chaudieu-Villars, mourut en lui donnant le jour ; ce malheur eut sur sa première jeunesse une influence fâcheuse, car son père se remaria, et la vie de famille paraît n’avoir pas été pour lui sans quelque amertume.

En 1770, Benjamin Constant vint à Paris, et, peu de temps après, son père le conduisit à Bruxelles et le présenta à la cour de l’archiduc. De Bruxelles il fut envoyé à Oxford pour apprendre l’anglais ; il se rendit ensuite en Allemagne, à l’Université d’Erlangen : après un au de sé-

  1. Nous ne pouvons, en raison des bornes qui nous sont imposées ici, entrer dans de longs détails biographiques ; mais les personnes qui voudront connaître intimement Benjamin Constant, et l’apprécier comme homme et comme écrivain, trouveront tous les renseignements désirables dans la belle étude publiée par M. Édouard Laboulaye, Revue nationale, t. V, VI, VII, XXV, XXVI. Cette étude n’est pas seulement une œuvre éminente de critique littéraire et politique, c’est aussi un commentaire très-important de l’histoire du premier empire et de la restauration.