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vertus. Le nom de la Suisse rappelle cinq siècles de bonheur privé et de loyauté publique. Le nom de la Hollande en retrace trois d’activité, de bon sens, de fidélité et d’une probité scrupuleuse, jusqu’au milieu des dissensions civiles, et même sous le joug de l’étranger ; et l’imperceptible Genève a fourni aux annales des sciences, de la philosophie et de la morale, une moisson plus ample que bien des empires cent fois plus vastes et plus puissants.

D’une autre part, en considérant les monarchies de nos jours, ces monarchies, où maintenant les peuples et les rois sont réunis par une confiance réciproque et ont contracté une sincère alliance, on doit se plaire à leur rendre hommage.

Enfin, lorsqu’on réfléchit que l’Angleterre est une monarchie, et que l’on y voit tous les droits des citoyens hors d’atteinte, l’élection populaire maintenant la vie dans le corps politique, malgré quelques abus plus apparents que réels, la liberté de la presse respectée, le talent assuré de son triomphe, et, dans les individus de toutes les classes, cette sécurité fière et calme de l’homme environné de la loi de sa patrie, sécurité dont naguère, dans notre continent misérable, nous avions perdu jusqu’au dernier souvenir, comment ne pas rendre justice à des institutions qui garantissent un pareil bonheur ? Il y a quelques mois que chacun, regardant autour de soi, se demandait dans quel asile obscur, si l’Angleterre était subjuguée, il pourrait écrire, parler, penser, respirer.

Mais l’usurpation ne présente aux peuples ni les avantages d’une monarchie, ni ceux d’une république : l’usurpation n’est point la monarchie. Ce qui fait qu’on a méconnu cette vérité, c’est que, voyant, dans l’une comme dans l’autre, un seul homme dépositaire de la