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V


DE L’USURPATION[1].

Mon but n’est nullement de me livrer à l’examen des diverses formes de gouvernement.

Je veux opposer un gouvernement régulier à ce qui n’en est pas un, mais non comparer les gouvernements réguliers entre eux. Nous n’en sommes plus au temps où l’on déclarait la monarchie un pouvoir contre nature ; et je n’écris pas non plus dans le pays où il est ordonné de proclamer que la république est une institution anti-sociale[2].

  1. Nous n’avons pas besoin de rappeler que les pages ci-dessus ont été écrites en 1813, comme une protestation contre le régime impérial, et que le mot usurpation s’applique à ce régime. Voir sur les moyens employés par Napoléon pour arriver au pouvoir suprême : M. Lanfrey, Histoire de Napoléon Ier, Paris, Charpentier, 1870. T. I, ch. i, jeunesse et commencements de Napoléon ; ch. x, expédition d’Égypte ; ch. xii, le dix-huit brumaire ; t. III, ch. iv, l’empire.
    (Note de l’éditeur.)
  2. Il y a un esprit de parti absurde et une ignorance profonde à vouloir réduire à des termes simples la question de la république et de la monarchie : comme si la première n’était que le gouvernement de plusieurs, et la seconde celui d’un seul. Réduite à ces termes, l’une n’assure point le repos, l’autre ne garantit point la liberté. Y avait-il du repos à Rome sous Néron, sous Domitien, sous Héliogabale ; à Syracuse sous Denys ; en France sous Louis XI, ou