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Aucune considération ne peut entrer en balance avec la nécessité de repousser un agresseur. Alors toutes les classes doivent accourir, puisque toutes sont également menacées. Mais leur motif n’étant pas un ignoble pillage, elles ne se corrompent point. Leur zèle, s’appuyant sur la conviction, la contrainte devient superflue. L’interruption qu’éprouvent les occupations sociales, motivée qu’elle est sur les obligations les plus saintes et les intérêts les plus chers, n’a pas les mêmes effets que des interruptions arbitraires. Le peuple en voit le terme ; il s’y soumet avec joie, comme à un moyen de rentrer dans un état de repos ; et quand il y rentre, c’est avec une jeunesse nouvelle, avec des facultés ennoblies, avec le sentiment d’une force utilement et dignement employée.

Mais autre chose est défendre sa patrie, autre chose attaquer des peuples qui ont aussi une patrie à défendre. L’esprit de conquête cherche à confondre ces deux idées. Certains gouvernements, quand ils envoient leurs légions d’un pôle à l’autre, parlent encore de la défense de leurs foyers ; on dirait qu’ils appellent leurs foyers tous les endroits où ils ont mis le feu.


Point de vue sous lequel une nation conquérante envisagerait aujourd’hui ses propres succès.

Passons maintenant aux résultats extérieurs du système des conquêtes.

Il est probable que la même disposition des modernes, qui leur fait préférer la paix à la guerre, donnerait dans l’origine de grands avantages au peuple forcé par