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rechercher une autre approbation que celle de la loi. Il doit trouver son éloge là où sont écrits ses devoirs, dans la constitution qui est toujours la même, et non dans les applaudissements passagers des opinions versatiles.


III

Si, dans les réactions contre les hommes, le gouvernement a surtout besoin de fermeté, dans les réactions contre les idées, il a besoin surtout de réserve. Dans les unes, il faut qu’il agisse ; dans les autres, qu’il maintienne. Dans les premières, il importe qu’il fasse tout ce que la loi ordonne ; dans les secondes, qu’il ne fasse rien de ce que la loi ne commande pas.

Les réactions contre les idées portent sur des institutions ou sur des opinions. Or, les institutions ne demandent que du temps, les opinions que de la liberté.

Entre les individus et les individus, le gouvernement doit mettre une force répressive ; entre les individus et les institutions, une force conservatrice ; entre les individus et les opinions, il n’en doit mettre aucune.

Lorsque vous avez établi une institution, ne vous irritez pas de ce qu’on la désapprouve. Ne cherchez pas à empêcher qu’on ne déclame contre elle : n’exigez la soumission que d’après les formes et devant la loi. Ignorez l’opposition ; supposez l’obéissance ; maintenez l’institution : avec la loi, les formes et le temps, l’institution triomphera.

Lorsque vous avez, je ne dirai pas établi une opinion,