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secourt, comme le parti qu’il frappe, et sévir également contre l’homme qui veut devancer la vengeance de la loi et contre celui qui l’a méritée.

Mais il faut pour cela qu’il renonce aux flatteries enivrantes. L’impassibilité n’excite pas l’enthousiasme. On ne viendra pas le féliciter comme lorsqu’il manque à ses devoirs. Les passions déchaînées ne porteront pas à ses pieds l’hommage tumultueux d’une reconnaissance effrénée. Tout le monde criait : gloire à la Convention, lorsque, cédant à l’entraînement de la réaction, elle laissait remplacer les maux qu’elle avait faits par des maux qu’elle aurait dû prévenir. Personne ne criera : gloire au Directoire, si, en châtiant les crimes passés, il n’en tolère point en sens inverse.

C’est par une erreur dont la révolution est la cause que le gouvernement s’est persuadé qu’il devait avoir un parti pour lui. Toutes les factions cherchent à accréditer cette erreur. Chacune d’elles aspire à devenir centre, et prétend faire signe au gouvernement de l’entourer.

Cette prétention leur suggère les raisonnements les plus bizarres. Comme elles sentent bien que la majorité dont elles se vantent ne peut jamais être qu’ondoyante et passagère, elles se gardent de distinguer cette majorité d’un jour de la majorité durable. Il faudrait, pour les satisfaire, que le gouvernement fût toujours en observation pour découvrir, et toujours en marche pour rattraper cette majorité fugitive. « Le gouvernement ne doit s’arrêter, disent-elles, que lorsqu’il est au centre de ses vrais intérêts ; lorsqu’il n’y est pas, il doit s’y replacer, et seulement alors il se fixe, parce que là seulement convergent tous les rayons de la circonférence. »

Cette métaphysique figurée, qui réunit à l’obscurité de l’abstraction le vague de la métaphore, sert admira-