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crise, compagne inévitable, et renfort nécessaire de toute révolution.

Il est doux de venger la liberté de cette imputation injuste et flétrissante. La terreur n’a été ni une suite nécessaire de la liberté, ni un renfort nécessaire à la révolution. Elle a été une suite de la perfidie des ennemis intérieurs, de la coalition des ennemis étrangers, de l’ambition de quelques scélérats, de l’égarement de beaucoup d’insensés. Elle a dévoré et les ennemis dont l’imprudence l’avait fait naître, et les instruments dont la frénésie la servait, et les chefs qui prétendaient la diriger. Les républicains[1] jamais ne furent que ses vic-

    premier acte du drame de la terreur le résultat d’une explosion populaire produite à Paris, le 2 septembre 1792, par la nouvelle de l’entrée des Prussiens à Verdun, M. Granier de Cassagnac a prouvé que ce grand crime n’a point été l’effet du hasard, mais que le gouvernement de fait issu de la révolution du 10 août l’a organisé, réglé, exécuté et payé par voie administrative. Les pièces citées ne laissent aucun doute à cet égard. À ces pièces sont jointes pour la première fois les liste complètes des victimes : elles donnent les chiffres suivants :

    L’Abbaye. 216
    Les Carmes. 116
    Saint-Firmin. 76
    La Conciergerie. 378
    Le Châtelet. 223
    Bicêtre. 170
    La Salpétrière. 35
    Les Bernardins. 73
    L’Hôtel de la Force. 171
    Les prisonniers d’Orléans. 53
    Les prisonniers de Versailles. 21
    Soit 1 532 personnes égorgées du
    2 au 17 septembre.

    Voir : Histoire des Girondins et des massacres de septembre, d’après des documents officiels et inédits, par M. Granier de Cassagnac. Paris, 1860, 2 vol. in-8.

    (Note de l’éditeur.)

  1. Pour Benjamin Constant, les vrais, les seuls républicains, sont toujours les Girondins.
    (Note de M. Laboulaye.)