et salutaire, il faut qu’ils soient libres. Quand ils ne le sont pas, ils empêchent bien l’opinion de se former, mais ils ne forment pas l’opinion. On lit leurs raisonnements avec dédain, et leurs récits avec défiance. On voit dans les premiers, non des arguments, mais des volontés ; on voit dans les seconds, non pas des faits, mais des intentions secrètes. On ne dit point, voici qui est vrai ou faux, juste ou erroné, on dit : voilà ce que le gouvernement pense, ou plutôt encore ce qu’il veut faire penser.
La liberté des journaux donnerait à la France une existence nouvelle : elle l’identifierait avec sa constitution, son gouvernement et ses intérêts publics. Elle ferait naître une confiance qui n’a existé dans aucun temps. Elle établirait cette correspondance de pensées, de réflexions, de connaissances politiques, qui fait que Manchester, York, Liverpool, Darby, Birmingham, sont des foyers de lumières aussi bien que d’industrie. En disséminant ces lumières, elle empêcherait qu’une agitation passagère, au centre du royaume, ne devînt une calamité pour l’ensemble jusque dans ses parties les plus éloignées. L’indépendance des journaux, loin d’être dangereuse aux gouvernements justes et libres, leur prépare sur tous les points de leur territoire des défenseurs, fidèles parce qu’ils sont éclairés ; forts, parce qu’ils ont des opinions et des sentiments à eux.
Je prévois deux objections, l’une destinée à nous effrayer sur l’avenir, l’autre qui s’appuie sur l’exemple du passé.
Vous ouvrez, dira-t-on, une carrière immense à la diffamation, à la calomnie, à une persécution journalière, qui, pénétrant dans les relations les plus intimes, ou rappelant les faits les plus oubliés, devient,