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parlement, les votes ou résolutions journalières de la chambre des communes sont publiés avec autorisation, et les discussions les plus intéressantes prononcées dans les deux chambres sont recueillies en notes et pareillement communiquées au public par la voie de l’impression. Enfin, il n’y a pas jusqu’aux anecdotes particulières de la capitale et des provinces qui ne viennent encore grossir le volume, et les divers papiers circulent et se réimpriment dans les différentes villes, se distribuent même dans les campagnes, où tous, jusqu’aux laboureurs, les lisent avec empressement. Chaque particulier se voit tous les jours instruit de l’état de la nation, d’une extrémité à l’autre de la Grande-Bretagne ; et la communication est telle, que les trois royaumes semblent ne faire qu’une seule ville.

« Qu’on ne croie pas, continue-t-il, que je parle avec trop de magnificence de cet effet des papiers publics. Je sais que toutes les pièces qu’ils renferment ne sont pas des modèles de logique ou de bonne plaisanterie. Mais, d’un autre côté, il n’arrive jamais qu’un objet intéressant véritablement les lois, ou en général le bien de l’État, manque de réveiller quelque plume habile, qui, sous une forme ou sous une autre, présente ses observations… De là vient que, par la vivacité avec laquelle tout se communique, la nation forme, pour ainsi dire, un tout animé et plein de vie, dont aucune partie ne peut être touchée sans exciter une sensibilité universelle, et où la cause de chacun est réellement la cause de tous[1]. »

Mais, pour que les journaux produisent cet effet noble

  1. Delolme, Constitution d’Angleterre, ch. xii. Paris, 1787, t. II, p. 44.