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II


DES ÉLECTIONS ET DU SUFFRAGE POPULAIRE.

Les deux plus grands publicistes des temps modernes, Machiavel et Montesquieu, attestent l’un et l’autre l’admirable instinct du peuple pour choisir ses organes et ses défenseurs[1]. Mais, dans l’histoire des dix années qui viennent de s’écouler, quelques faits paraissent flétrir l’élection populaire ; et, trompés par ces apparences, des écrivains qui se disent amis d’une sage liberté prétendent que le peuple est incapable de faire de bons choix, et que ses mandataires, pour première condition, doivent n’être pas nommés par lui.

Deux causes ont contribué en France à cette déviation de la pratique de toutes les nations libres et des principes de tous les temps. La première, c’est que l’élec-

  1. Bien que les pages ci-dessous se rapportent à des régimes entièrement différents de celui auquel nous sommes soumis, nous avons cependant pensé qu’il était utile et intéressant de les reproduire, d’abord parce qu’elles font connaître les institutions de la république, de l’empire et des premières années de la restauration, ensuite parce qu’elles renferment des idées très-justes que les gouvernements et les électeurs du suffrage universel peuvent étudier avec grand profit.
    (Note de l’éditeur.)