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la Vertu serait aussi profitable aux intérêts réels de l’Individu eux-mêmes, qu’attrayante pour son cœur et pour son intelligence, tandis que le Vice serait aussi défavorable à ces mêmes intérêts qu’il est, de sa nature, hideux et repoussant[1].

Manifestement, un tel système serait la Réalisation de la plus haute donnée morale, possible dans l’ordre des Réalisations sociales, puisqu’il incarnerait dans la Société humaine, la double Loi supérieure de l’Ordre universel et de la Justice divine, double Loi qui veut, en vue de la réalisation de l’Ordre et du Bien, que la Souffrance ou la Peine soit toujours attachée au Désordre ou au Mal, et que la Jouissance ou la Rémunération soit toujours attachée à l’Ordre ou au Bien. — Le Bien serait assuré dès qu’il n’y aurait plus de Jouissance ou de satisfaction possible en dehors de ses Voies.

  1. La Vertu (virtus, virere, vir, vis), c’est la force, la volonté humaine dirigée du côté du bien. — Le vice, c’est la force déréglée, viciée, ou l’absence de force. Il est absurde de croire qu’il faille douleur, pour qu’il y ait vertu, et qu’on ne soit pas vertueux quand on fait le Bien avec satisfaction, avec jouissance, avec plaisir, avec amour, avec bonheur. Le sacrifice vertueux lui-même n’est et ne saurait être que le triomphe dans l’âme humaine d’un Attrait supérieur sur un Attrait inférieur ; car tout sacrifice libre est un effet de Volonté, et l’Être qui veut ne saurait vouloir, en dernière analyse, que ce qu’il lui convient de vouloir, ce qui lui plaît. Observons qu’il y a le Sacrifice inverse ou vicieux comme il y a le Sacrifice direct ou vertueux.