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on compterait des morales à l’infini. La morale de saint Paul à tendance quintessenciée, mystique et presque exclusivement idéaliste, nous paraît différer singulièrement déjà de la morale, large, vivante, aimante et fortement réaliste du Christ. On trouve dans le sein de l’orthodoxie une morale stoïcienne, une morale platonicienne et une morale épicurienne ; on y trouve la morale des ascètes, des stylites, des trappistes, la morale de renoncement absolu au monde, de la condamnation absolue de toute volupté, de tout plaisir ; puis la morale de la modération dans l’usage des plaisirs ; puis la morale tendre et ultra-sympathique de certaines écoles mystiques. La morale très-mondaine des Jésuites y est combattue par la morale roide et austère de Port-Royal et des Jansénistes (qui ne sont point condamnés pour leur morale) ; et entre ces degrés extrêmes, on trouve mille opinions, mille contradictions sur le permis et le défendu, c’est-à-dire sur la base même de la morale, sur ce qui est bien et sur ce qui est mal.

Si l’on veut donner au mot moral le sens de conforme au bien et envisager la Morale comme la science qui a pour objet la production du bien, il faut comprendre ceci : LA Morale ne sera constituée que :

1o Quand elle aura défini son objet, le bien, et donné un critérium certain, pour distinguer ce qui est bien de ce qui est mal ou de ce qui est indifférent, et pour mesurer les degrés du Bien et du Mal ;