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rales et sociales, contrariait les préjugés, les coutumes, les idées reçues, a-t-elle été, à toutes les époques, taxée d’immoralité (sens absolu) lors de sa production dans le monde. C’est ainsi que les doctrines chrétiennes ont été accusées d’immoralité par les philosophes et les prêtres du paganisme, et qu’une foule d’idées que la science et la philosophie ont fait adopter et qui ne sont plus contestées par personne ont, à leur apparition, soulevé des orages terribles contre leurs auteurs ou leurs promoteurs.

La Morale, considérée tantôt comme la science, tantôt comme la prescription de ce qui est moral, a dû participer au vague et à la multiplicité des sens de l’adjectif moral. Aussi dit-on beaucoup trop souvent la morale, quand il faudrait dire ma morale, notre morale, telle morale. « La morale prescrit ceci… la morale veut cela… cette doctrine est contraire à la morale… » De quelle morale est-il question ? Il y a la morale des anciens et la morale des modernes, la morale des orientaux, la morale des méridionaux, la morale des occidentaux… et chacune de ces morales est si peu définie, qu’elle se divise elle-même en mille morales souvent contradictoires, variant avec les temps, les lieux, les écoles philosophiques, les sectes religieuses, et se colorant de mille teintes différentes.

Bien mieux, jusque dans le sein de l’orthodoxie la plus inflexible, de l’orthodoxie catholique elle-même,