Page:Considerant - Bases de la politique positive, manifeste de l'école sociétaire fondée par Fourier.djvu/22

Cette page a été validée par deux contributeurs.

lations sociales. Le mot moral signifie donc primitivement ce qui est conforme aux mœurs, et, par opposition, immoral signifie ce qui contrarie et choque les mœurs.

Bientôt un autre sens s’est ajouté au premier ; on s’est servi du mot moral pour caractériser l’ensemble des facultés en vertu desquelles l’homme entre en relations affectives ou intellectuelles avec les êtres vivants, l’univers et Dieu. Dans ce nouveau sens, moral s’est opposé non plus à immoral, mais à matériel, physique. On a dit : le physique et le moral et de l’homme, les facultés morales, etc.

Enfin le mot moral n’a pas tardé à être amené à un troisième sens par l’effet de ce sophisme, vieux comme le monde, en vertu duquel chaque époque se plaît à prendre ses préjugés généraux, ses idées, ses mœurs, pour des vérités absolues, et son état social pour le degré le plus élevé de la sociabilité humaine. C’est ainsi que le mot moral, signifiant ce qui est conforme aux mœurs (aux idées reçues, aux croyances sociales, aux préjugés d’une époque donnée), a pris bientôt une signification absolue, et s’est trouvé caractériser ce qui est conforme au Bien.

Cette réunion du sens absolu et du sens relatif sous le même terme, était de nature à renforcer singulièrement le sophisme auquel elle était due. Aussi chaque vérité nouvelle qui, dans l’ordre des idées philosophiques, mo-