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« L’Homme est bon, la Société seule est mauvaise. » Les adversaires s’écrient : « Comment peut-on soutenir que l’Homme est bon et que la Société, c’est-à-dire la collection des hommes, est mauvaise ? Si la somme est mauvaise, il faut bien que le mal soit dans les éléments qui la composent. » — Que la proposition primitive soit vraie ou fausse il n’en est pas moins clair que cette manière de la réfuter n’est qu’un sophisme dû à l’exploitation du double sens du mot Société. Une langue bien faite rendrait impossibles de pareils sophismes.


ASSOCIATION, SOCIÉTAIRE, etc. — L’idée exacte ou scientifique de l’Association se compose de la combinaison intime de trois idées, l’idée de l’ordre, l’idée de la liberté, l’idée de la justice. L’état d’Association ou état sociétaire suppose en effet que les individus associés coordonnent leurs forces, leurs fonctions et leurs travaux dans une œuvre d’ensemble (ordre), que cette coordination est volontaire et non forcée (liberté), enfin que les fruits du travail commun sont partagés aux associés d’après une règle acceptée par eux, comme satisfaisant à l’idée qu’ils ont du droit de chacun vis-à-vis de tous (justice). Ces trois conditions se tiennent : on comprend en effet que si l’individu se croit lésé dans son droit, il tendra à se séparer de l’œuvre commune, ou bien son mécontentement y introduira des éléments de désordre. Le concours franc, libre, volontaire, à l’œuvre com-