Page:Considérations sur la France.djvu/26

Cette page a été validée par deux contributeurs.

effets dans le cours ordinaire des choses ; s’il manque son but, il sait pourquoi, ou croit le savoir ; il connoît les obstacles, il les apprécie, et rien ne l’étonne.

Mais dans les temps de révolutions, la chaîne qui lie l’homme se raccourcit brusquement, son action diminue, et ses moyens le trompent. Alors entraîné par une force inconnue, il se dépite contre elle, et au lieu de baiser la main qui le serre, il la méconnoît ou l’insulte.

Je n’y comprends rien, c’est le grand mot du jour. Ce mot est très-sensé, s’il nous ramène à la cause première qui donne dans ce moment un si grand spectacle aux hommes : c’est une sottise, s’il n’exprime qu’un dépit ou un abattement stérile.

« Comment donc (s’écrie-t-on de tous côtés) ? les hommes les plus coupables de l’univers triomphent de l’univers ! Un régicide affreux a tout le succès que pouvaient en attendre ceux qui l’ont commis ! La monarchie est engourdie dans toute l’Europe ! Ses ennemis trouvent des alliés jusque sur les trônes ! Tout réussit aux méchans ! les projets les plus gigantesques s’exécutent de leur part sans difficulté,