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À côté de ce tableau, placez celui des maîtres de la France, qu’une révolution inouïe a revêtus de tous les pouvoirs, et qui ne peuvent organiser une simple fête. Ils prodiguent l’or, ils appellent tous les arts à leur secours, et le citoyen reste chez lui, ou ne se rend à l’appel que pour rire des ordonnateurs. Écoutez le dépit de l’impuissance ! écoutez ces paroles mémorables d’un de ces députés du peuple, parlant au corps législatif dans une séance du mois de janvier 1796 : « Quoi donc ! s’écrioit-il, des hommes étrangers à nos mœurs, à nos usages, seroient parvenus à établir des fêtes ridicules pour des événemens inconnus, en l’honneur d’hommes dont l’existence est un problème. Quoi ! ils auront pu obtenir l’emploi de fonds immenses, pour répéter chaque jour, avec une triste monotonie, des cérémonies insignifiantes et souvent absurdes ; et les hommes qui ont renversé la Bastille et le Trône, les hommes qui ont vaincu l’Europe, ne réussiront point à conserver, par des fêtes nationales, le souvenir des grands événemens qui immortalisent notre révolution. »