Page:Considérant - Description du phalanstère et considérations sociales sur l’architectonique.djvu/84

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
85
architecture phalanstérienne.

et sociétairement ; ensuite le système d’éducation, et tous les autres services, de proche en proche. La création du milieu architectural sociétaire commanderait la formation du milieu sociétaire intégral : il n’y aurait qu’à suivre docilement la voix du génie de l’humanité. — C’est, au reste, ce qui demeurera prouvé dans la partie de cet ouvrage, où, pour déterminer les conditions de la vie sociétaire, nous ne ferons rien autre chose que de placer une population au milieu du dispositif materiel d’une Phalange, nous bornant à constater le mode suivant lequel tendent à se comporter, dans un pareil milieu, les divers membres de cette population, a reconnaître les lois suivant lesquelles s’y grouperaient naturellement les individualités, s’y formeraient spontanément les aggrégations et les hiérarchies de tous les ordres.

Si l’on eût réalisé pareil projet par manière d’expérience, il est évident qu’on fut tombé sur une forme sociale non pas artificielle, factice, contrariant la nature comme le sont la Civilisation et toutes les rêveries des philosophes, toutes les républiques utopiques sorties de leurs cerveaux, construites à leur façon, — mais sur une forme sociale naturelle, normale, dérivant rigoureusement de l’organisation humaine, faite à la façon de la Nature ou de Dieu, ce qui vaut bien la façon de Platon, ou celle de M. Bérard, éditeur de la merveilleuse constitution de 1830, laquelle est établie pour l’éternité… exactement comme toutes les précédentes.

Les hommes n’ont pas encore pu se persuader qu’il faut plier devant la Nature, se soumettre à elle, lui demander ses lois ; ils aiment mieux en faire eux-mêmes, des lois, quitte à ne leur donner d’autre sanction que des gendarmes et le bourreau.


Le lecteur doit bien comprendre, maintenant, que Fourier a manœuvré à l’inverse de tous les réformateurs de l’œuvre de Dieu, et que sa découverte est la récompense de la religieuse docilité qu’il a mise à suivre les indica-