Je pourrais bien vous dire, moi qui suis du métier, ce qu’il a fallu d’observations, d’efforts d’intelligence et de combinaisons pour arriver à résoudre ce problème comme il l’est aujourd’hui. Parapets, bastions, courtines, tenailles, demi-lunes et réduits de demi-lune ; contre-gardes, fossés, chemins couverts, places d’armes et réduits de place d’armes, traverses, communications… je vous fais grâce du reste et des détails ; il a fallu agencer et combiner tout cela, ménager les angles et les incidences, les commandements et les défilements ; combiner toutes les formes, calculer toutes les hauteurs, toutes les dimensions, les modifier de mille manières par mille considérations et pour mille relations ; coordonner chacune d’elle à toutes les autres ; et cela, non pas grossièrement, non pas d’une façon approchée, mais, savez-vous, à un centimètre près ! Et il faut des combinaisons différentes pour toutes les positions différentes !
Dans ces fortifications, ou les promeneurs bénévoles ne voient que des murs et des fossés, il n’y a pas un mouvement de terrain, pas une inclinaison, pas un pli qui ne soit calculé ; et quand une place forte a fait sa toilette de guerre, quand elle s’est parée pour le siège, il n’y a pas une pierre qui ne soit en son lieu, pas une motte de terre qui ne soit à sa place !
La détermination d’un front-bastionné, type élémentaire de la fortification, constitue un problème tellement surchargé de conditions, qu’il y a de quoi effrayer d’y penser. Ce que l’invention en a dû coûter d’efforts d’intelligence et de tension d’esprit, vous pouvez en juger par ce que l’on exige de temps, de travaux, d’études et de science pour arriver à la comprendre.