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architecture harmonienne.

la Civilisation met à la disposition du riche tous les raffinements du confort et du luxe… et elle les empoisonne, — ce qui est justice ! Dieu n’a pas voulu que quelques fainéants égoïstes pussent être réellement heureux au milieu des souffrances et des grincements de dents des masses qui travaillent pour eux. Le bonheur est une conquête qui ne peut être faite qu’au profit de l’espèce entière. Aussi est-ce pitié que de voir ces pauvres riches se mutiner contre le sort, comme des enfants quinteux, parce qu’ils ne trouvent pas le bonheur, quoique placés pourtant, disent-ils, au milieu de tout ce qui peut le donner.

Oh ! non, non, riches du monde ! vous n’êtes pas placés au milieu de ce qui peut donner le bonheur ; car vous vivez au milieu de vos frères qui souffrent ! Votre égoïsme fait un mauvais calcul quand il vous ferme les oreilles à la grande voix des douleurs humaines qui gronde autour de vos palais ; car tous les humains sont liés, il faut vous le crier sans cesse, par solidarité en malheur comme en bonheur. Croyez-vous donc que Dieu soit un père qui ait des préférences aristocratiques ? prenez-vous les autres pour des cadets ou des bâtards ? Tant que la misère pèsera sur eux, voyez-vous, vous aurez pour lot les tortures de l’ambition déçue, les chagrins de la famille, les désespoirs du cœur, l’implacable obsession de l’ennui, le vide de l’âme, le spleen. Tant que le corps du pauvre sera mordu par le besoin, le cœur du riche sera rongé par les vers qui le dévorent aujourd’hui. — Si l’on meurt de faim en bas, en haut on se suicide parfois on assassine !… Qui trouve à redire à la justice de cette loi ?

Revenons à notre architecture harmonienne qui universalise le confort et le bien être, qui loge l’Homme et non pas seulement quelques hommes comme l’architecture civilisée ; et résumons la description précédente en disant que, dans la construction sociétaire tout est prévu et pourvu, organisé et combiné, et que i’Homme y gouverne en maître l’eau, l’air, la chaleur et la lumière.