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description du phalanstère.

Cette galerie qui se ploie aux flancs de l’édifice sociétaire et lui fait comme une longue ceinture ; qui relie toutes les parties du tout ; qui établit les rapports du centre aux extrémités, c’est le canal par où circule la vie dans le grand corps phalanstérien, c’est l’artère magistrale qui, du cœur, porte le sang dans toutes les veines ; c’est, en même temps, le symbole et l’expression architecturale du haut ralliement social et de l’harmonie passionnelle de la Phalange, dans cette grande construction unitaire dont chaque pièce a un sens spécial, dont chaque détail exprime une pensée particulière, répond à une convenance et se coordonne à l’ensemble ; — et dont l’ensemble reproduit, complète, visible et corporisée, la loi suprême de l’Association, la pensée intégrale d’harmonie.

Quand on aurait habité un Phalanstère, où une population de deux mille personnes peut se livrer à toutes ses relations civiles ou industrielles, aller à ses fonctions, voir son monde, circuler des ateliers aux appartements, des appartements aux salles de bal et de spectacle, vaquer à ses affaires et à ses plaisirs, à l’abri de toute intempérie, de toute injure de l’air, de toute variation atmosphérique ; quand on aurait vécu deux jours dans ce milieu royal, qui pourrait supporter les villes et les villages civilisés, avec leurs boues, leurs immondices ? Qui pourrait se résoudre à se rembarquer encore dans leurs rues sales, ardentes et méphitiques en été, ouvertes en hiver à la neige, au froid, à tous les vents ? Qui pourrait se résigner à reprendre le manteau, les socques, le parapluie, les doubles souliers, attirail odieux dont l’individu est obligé de s’embarrasser, de s’affubler, de s’écraser, parce que la population n’a pas su créer le logement qui la garantirait si bien ea masse ? — Quelle économie de dépenses, d’ennuis et d’incommodités, de rhumes, de maladies de toute espèce, obtenue par une simple disposition d’architecture sociétaire ! Que de jeunes filles mortes trois jours après le bal où elles s’étaient montrées éclatantes de vie et de jeunesse, qui répon-