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description du phalanstère.

aux espèces animales, ces machines de l’invention du premier Créateur. Là, tous les éléments domptés, tous les fluides gouvernés, toutes les forces mystérieuses asservies, toutes les puissances de la nature vaincues, tous les dieux de l’ancien Olympe soumis à la volonte du Dieu de la terre, obéissent à sa voix, serviteurs dociles et proclament son règne.

La ligne des grandes constructions industrielles s’ouvre au centre pour dégager la vue et laisse, du Phalanstère, les regards plonger dans l’établissement agricole, et s’échapper, par dessus ses toits abaissés, aux verdoyantes perspectives de la campagne et des horizons lointains. Au milieu du large éventail qu’ouvre aux regards cette trouée monumentale, l’œil s’arrête d’abord sur une immense basse-cour, charmant assemblage de pieces d’eau, de ruisseaux courant sur le gravier, de treillis courant sur les gazons, de pavilions coquets, de parcs ombragés, de volières à vastes compartimens groupées sur la tour élancée du colombier, qui s’élève comme un fastueux obélisque au point de centre des constructions agricoles. Les toits rustiques de la laiterie, de la glacière, de la fromagerie se dégagent à droite et à gauche des massifs épars dont les touffes les protègent. Tout autour l’œil aperçoit les parcs aux charrues, aux herses luisantes, les hangars aux chariots vernissés, les remises des équipages champêtres, peints aux couleurs variées et contrastées des séries et des groupes : le regard découvre toute cette artillerie de l’agriculture, plus brillante que les arsenaux montrés avec tant d’orgueil par les fonderies militaires de l’Angleterre et de la France.

Les parcs, les hangars, les remises, les ateliers de ferronnerie et de charronnage, les cours de service sont, à leur tour, encadrés dans les étables et les écuries royales où logent, par escadrons, classées et divisées d’après leurs espèces, leurs titres de valeur et de sang, les races chevalines et bovines qu’entretient la Phalange.