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description du phalanstère.

més çà et là, comme on voit dans un jardin mal tenu des limaçons à la bave impure ramper sur la tige d’un lilas en fleurs. — L’accouplement du luxe et de la misère : c’est le complement du tableau.

La Civilisation a de rares palais, et des myriades de taudis, comme elle a des haillons pour les masses, et des habits d’or et de soie pour ses favoris peu nombreux. À côté de la livrée brodée d’un agioteur, elle étale la bure de ses prolètaires et les plaies de ses pauvres. Si elle élève et entretient à grands frais un somptueux opéra où de ravissantes harmonies caressent les oreilles de ses oisifs, elle fait entendre, au milieu des rues et des places publiques, les chants de misère de ses aveugles, les lamentables complaintes de ses mendiants. Puis, ici et là, elle ne sait créer qu’égoïsme et immoralité, car la misère et 1’opulence ont toutes deux leur immoralité et leur égoïsme.

Oh non, non ! dans nos villages, dans nos villes, dans nos grandes capitales, l’homme n’est pas logé : — car j’appelle homme aussi bien le chiffonnier qui butine la nuit, sa lanterne à la main, et cherche sa vie dans le tas d’ordures qu’il remue avec un crochet ; aussi bien lui et ses nombreux frères en misère, que les hommes de la bourse et des chateaux. — Et j’appelle logement de l’homme une habitation saine, commode, propre, élégante et en tous points confortable.

Et pourquoi l’homme n’est-il pas logé ? — C’est toujours la même réponse a cette demande et aux autres : Pourquoi a-t-il faim ? Pourquoi a-t-il froid ? Pourquoi est-il dépourvu d’éducation, et en toutes choses misérable et dénué ? — Toujours il faut répondre : Il y a des pierres dans les carrières, du bois dans les forêts, du fer au sein de la terre ; le sol ne refuse pas de produire quand on y sème ; les arts, les sciences, l’intelligence et la force sont là : ce n’est pas la puissance qui manque ; il y a du travail à faire, et des hommes qui manquent de travail. Il faut augmenter l'effet utile du travail par la coordina-