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murmures les quelques voix généreuses qui s’élevaient pour repousser, en notre nom, d’odieuses calomnies ! Vous avez frémi d’horreur à la lecture de ces accusations, puisées dans d’infâmes libelles, dénuées de preuves, et écoutées cependant avec une cruelle bienveillance. Colons, administrateurs, prêtres, magistrats, fonctionnaires, tous ont été compris dans la même haine et frappés des mêmes coups ! Il n’y a de purs, sur le sol colonial, que les hommes qui mettent leur zèle ambitieux au service des passions et de la colère d’un parti ; il n’y a de purs que ceux qui font métier de dénonciation et de calomnie.

Par quelle fatalité, quand il s’agit des colonies, les règles de l’équité la plus vulgaire sont-elles méconnues et foulées aux pieds ? Vous qui présidez aux destinées de la patrie, prenez garde de prêter une oreille complaisante à ces étranges doctrines ; n’oubliez pas que tous les principes s’enchaînent et se soutiennent dans l’ordre social ; n’apprenez pas à vos adversaires qu’ils peuvent impunément porter la main sur l’arche sainte de la propriété ; craignez que ces armes que vous laissez imprudemment entre leurs mains, ils ne les retournent un jour contre vous-mêmes !

Messieurs, la loyauté de vos actes proteste contre des inculpations qui ne sauraient vous atteindre. Les colons de la Guadeloupe et leurs représentants ont fait leurs preuves. Tous, nous avons pris depuis long-temps l’initiative des améliorations qui dépendaient de nous, et nous avons donné un concours loyal et éclairé aux mesures de civilisation et de progrès compatibles avec les idées d’ordre et de travail dont nous serons les éternels défenseurs. Nous ne nous sommes pas posés en ennemis systématiques des idées nouvelles : nous comprenons les nécessités de notre époque. Enfin nous pouvons ouvrir nos fastes judiciaires : ils sont purs de ces crimes dont nous repoussons avec dégoût la hideuse solidarité, s’ils se sont produits quelque part.

Mais, Messieurs, de ces désaffections, de ces défiances, de ces colères, de ces agressions injustes, découlent de graves enseignements qui ne seront pas perdus pour nous. Ne nous dissimulons pas les périls de notre situation. Jamais les colonies n’ont été plus menacées, jamais leur sort n’a été plus compromis ; le mou-