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DISCOURS

DE M. LE LIEUTENANT-GÉNÉRAL BARON AMBERT,
PRÉSIDENT DU CONSEIL COLONIAL,
À l’ouverture de la session de 1847.


Messieurs et chers Collègues,

Votre persévérante bienveillance semble avoir fait du fauteuil de la présidence un siège inamovible. Je me glorifie de la constance de vos suffrages, et mon immuable dévoûment y puise des forces nouvelles.

Dans cette lutte inégale où nous sommes engagés, notre énergie, pour ne pas succomber aux atteintes de la lassitude et du dégoût, a besoin de se retremper souvent aux sources vives de l’amour du pays. Les violences d’une agression récente prennent que nous n’avons plus même à compter sur la générosité de la force, celle dernière ressource de la faiblesse. Le nom de Français n’est pour nous qu’un vain titre, impuissant à nous protéger contre les haines et les colères que nous suscitent nos ennemis.

Mais, Messieurs, si nous devons courber la tête avec résignation devant les manifestations de la volonté nationale, le sentiment de notre dignité nous oblige à la relever avec fierté devant l’outrage et la calomnie. Nos vies et nos fortunes appartiennent à la patrie, notre honneur est sous la sauvegarde de Dieu et de notre conscience.

Vieux soldat de la liberté, j’ai versé mon sang pour elle sur les champs de bataille de l’ancien et du nouveau monde. Serait-il vrai qu’en acceptant, à la fin de mes jours, l’exil et les rudes labeurs du colon, j’eusse renié mes principes, déserté mon drapeau et souillé une carrière qui compte de glorieux souvenirs ? Non, Messieurs, le titre de colon, dont je m’honore, n’a pas flétri le vieux serviteur de la patrie, et ma voix ne saurait être suspecte