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qu’il ne soit en même temps question des colonies… Elles osent donc faire entendre leur voix à côté de la sienne.

Le temps n’est plus où, fortes de leur destination, les colonies pouvaient réclamer la prérogative d’une consommation réservée ; mais si elles ne peuvent invoquer vis-à-vis de la France un droit qui ne serait qu’une réciprocité, et qu’on est parvenu cependant à faire envisager comme un privilège, elles peuvent, vis-à-vis d’un produit rival, reconnu embarrassant, réclamer une justice égale.

Cette justice, Sire, c’est l’égalité de conditions.

Le sucre de betterave est rendu sans frais sur le marché ; le sucre des colonies n’y arrive que grevé de frais de navigation et autres, qui ne s’élèvent pas à moins de 26 francs 50 centimes par 100 kilogrammes.

Les colons demandent à Votre Majesté que, par application du principe déjà consacré en faveur de la colonie de Bourbon, il leur soit tenu compte de cette différence au moyen d’une diminution proportionnée aux distances dans les droits d’entrée.

Ils osent en même temps lui renouveler la demande, qu’ils lui ont précédemment faite, de la suppression de ces mêmes droits sur les cafés d’origine française.

Sire, la liberté avec l’ordre et le travail, la liberté avec l’indemnité garantie par la Charte, l’indépendance de la magistrature protégée par l’inamovibilité, l’exercice de nos droits assuré par la représentation directe, l’égalité dans la production du sucre réalisée par un nouveau tarif, voilà ce que demandent les colons, voilà ce qu’ils espèrent obtenir de la haute sagesse et de la justice de Votre Majesté.

Nous sommes avec un profond respect, Sire,

De Votre Majesté,
Les très humbles, très obéissants et fidèles serviteurs.
Fait à la Basse-Terre, au conseil colonial,

           le 19 novembre 1847.


Le Président du Conseil colonial,
Signé Ambert.
Les Secrétaires :
Signé A. Leger.           Signé Le Dentu,